Parti fin novembre pour accomplir un rêve de gosse, Victor nous offre, à distance, un aperçu de son périple au Qatar. Sous le feu des projecteurs lors de la rencontre face au Maroc, bien calé dans le kop français, "Kakaï" nous raconte son expérience unique en terre Qatarie.
1/ Salut Victor, t’es qui et tu fais quoi dans la vie ?
Je m'appelle Victor Lafon, 35 ans, enfant de la Presqu'Île du bonheur, j'ai grandi à Lège-Cap Ferret jusqu'à mes 14 ans chez mon père puis sur Bordeaux chez ma mère pour les études et le foot.
J'ai ensuite rencontré la femme de ma vie à 23 ans et nous vivons depuis 6 années sur Andernos. Je suis l'heureux papa d'une petite fille de 17 mois. Professionnellement, je suis commercial en BtoB dans les services et innovation pour les entreprises et collectivités.
2/ Tu portes les couleurs d’Andernos Sport depuis plusieurs saisons déjà, d’où vient cette passion pour le football ?
Ma passion pour le football m'a été transmise par mon père, Gérard Lafon, fan inconditionnel des Girondins de Bordeaux, de l'équipe de France, d'Andernos Sport et de tout le sport Français en général. Mon père a écrit avec ses coéquipiers quelques unes des plus belles pages du club andernosien et il en était très fier. Depuis l'âge de 6 mois, il m'a toujours emmené voir les Girondins au stade et j'ai eu le chance, en tant qu'abonné, d'assister à des matchs historiques dont le fameux FCGB/Milan AC du 19 mars 1996.
3/ Depuis plus de trois semaines tu t’es installé dans le kop des supporters français au Qatar pour suivre la Coupe du Monde. Quelle a été la genèse de ce projet et comment s’organise t-on pour être dispo pour un tel évènement ?
Je m'y suis pris dès le tirage au sort des poules du mondial en avril 2022. J'ai eu la chance d'obtenir des places pour les matchs face au Danemark et face à la Tunisie et ensuite c'était des places conditionnelles pour les matchs à élimination directe si la France se qualifiait. Le prix était très abordable et à partir de ce moment le rêve commençait à devenir réalité.
En ce qui concerne l'hébergement, la famille de ma femme qui possède une société à Doha a accepté de m'héberger et je leurs serais éternellement reconnaissant. La vérité c'est que sans cette aide je n'aurais jamais pu financièrement rester un mois sur place. Côté professionnel, j'avais averti mon entreprise très tôt et je n'ai quasiment pas pris de vacances cette année pour pouvoir assister à cet évènement. Je remercie également mon entreprise pour sa souplesse dans cette aventure.
4/ Dès le premier match, on t’as vu en compagnie du légendaire supporter Clément d’Antibes et du petit bonhomme déguisé en Kylian Mbappé. Clément ça représente quoi pour toi et quelle est l’histoire du petit Kylian qui a circulé sur toutes les télés du monde ?
Pour Clément d'Antibes que je voyais depuis tout petit à la télévision, je l'ai rencontré à la fin du match contre le Danemark et il m'a confié qu'il assistait là à sa neuvième Coupe du Monde et probablement sa dernière. L'occasion de faire une photo avec lui était unique !
En ce qui concerne "mini Kylian" de son vrai prénom Nassim, j'étais assis juste à côté de lui et de sa famille. J'avais le maillot de Mbappé et lui était déguisé en Kylian. Nous avons sympathisé et avons passé toute la soirée ensemble. Il a d'ailleurs passé un long moment sur mes épaules dans la "fan zone" d'après match. Ce qui était dingue c'est que tout le monde le prenait en photo, c'était fou et le buzz a commencé là. Dans les rues de Doha, dans le fameux "Souq Waqif", l'effervescence autour de ce gamin était incroyable.
Le monde entier voulait une photo avec lui. C'était ma première soirée à Doha et j'ai compris que rien ne serait banal lors de mon séjour ici.
À partir de là, TF1 a contacté ses parents et ont réalisé un premier reportage en ville. Ensuite, c'est la FFF qui a pris le relais en permettant une rencontre avec le vrai Kylian Mbappé après France/Tunisie. Nous l'avons juste accompagné mais sa maman a beaucoup fait pour que tout cela se réalise. La famille a quitté la compétition après ce
moment magique.
6/ Pour notre plus grand bonheur, tu nous as tenu au courant de tes aventures au fil des matchs. Le rêve prend alors sa forme la plus intense possible et te voilà propulsé en finale de la Coupe du Monde. Quel est ton quotidien depuis toutes ces semaines ? Tu t’es certainement créé un réseau avec d’autres supporters, comment t’organises tu ?
Oui et pour mon plus grand bonheur aussi car je suis venu tout seul ici et grâce aux réseaux sociaux j'ai l'impression d'avoir embarqué avec moi tous mes potes, ma famille de France et d'ailleurs. J'ai fait beaucoup de journées seul, à tracer ma route en découvrant des endroits magiques mais je ne croisais pas beaucoup de français.
J'ai compris plus tard qu'ils restaient souvent à l'hôtel dans des lieux privés que je n'avais pas les moyens de fréquenter. Moi j'étais plutôt avec le peuple dans des lieux publics et je ne regrette pas car j'ai fait de superbes rencontres avec des gens de tous les continents. La vérité c'est qu'il y avait peu de français à l'inverse des marocains, tunisiens, saoudiens, brésiliens et surtout argentins. Là ou j'habite, j'ai beaucoup été avec des marocains puis avec trois français qui vivent en Australie trouvés sur les réseaux sociaux. Nous avons rejoint d'autres groupes de supporters français afin de former des cortèges même si nous restons en minorité face aux supporters des nations adverses.
7/ Lors de la demi-finale face au Maroc, ton visage et tes émotions ont été repris par les médias du monde entier. Tu as alors été directement contacté par la FIFA ! Raconte nous !
Déjà, avant le match, j'avais déjà beaucoup réalisé d'interviews pour France 3 sur Olivier Giroud puis pour "Oh my goal", "Global goal" mais aussi pour des télévisions brésiliennes, mexicaines et même chinoises. Il faut croire que ma tenue leurs plaisait beaucoup ! Mais c'est vrai que ce match contre le Maroc c'était la folie ! J'ai reçu dès le début de match des messages me disant que l'on m'avait vu à la télé.
Suite au but de Theo Hernandez mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer, j'ai pas tout de suite réalisé et puis ce sont des centaines de messages et de commentaires que j'ai reçu du monde entier. À plusieurs reprises et à différents moments du match mon image a été capturée. Celle de ma joie sur le but français a été reprise par la FIFA, pour une publicité de Mc Donald, par de multiples journaux d'informations en France et à l'étranger.
Ma famille à Madagascar, des amis en Asie, en Amérique et au Maroc ont pu me voir et partager avec moi leur joie !
Après le match du Maroc, une journaliste de TF1 et un officiel de la FIFA ont pris mon numéro de téléphone. La FIFA a réalisé hier un clip sur moi dans mon logement qui sera, je l'espère, diffusé juste avant la finale à travers les télévisions du monde entier.
J'ai même pu faire participer les seniors d'Andernos à travers notre groupe Whatsapp. Je les remercie tous car nous échangeons beaucoup depuis le début et ils me soutiennent dans mon aventure.
Espérons que mon clip soit sélectionné pour être diffusé !
8/ Tu es à quelques heures de l'événement le plus fort auquel un supporter puisse rêver d’assister. Dans quel état d’esprit es tu ?
Sincèrement, j'ai vraiment du mal à réaliser, j'arrête pas de me répéter que je vais assister à une finale de Coupe du Monde. Il y a beaucoup de pression et d'excitation à la fois et je ne dors pas beaucoup depuis deux soirs. Je sens que cette aventure extraordinaire arrive à sa fin et je serais dans un état second aujourd'hui. Même si le stade sera à 90% argentin, nous serons là pour donner de la voix et soutenir les bleus !
9/ Que conseillerais tu à un supporter qui aimerait reproduire ton aventure ?
Il faut s'y prendre le plus tôt possible, avoir de la chance, la provoquer un petit peu aussi, mettre de l'argent de côté, conserver des congés et croire en sa bonne étoile, moi elle s'appelle "Gégé".
10/ Le mot de la fin ?
Il ne faut pas croire tout ce que les médias disent et savoir se faire sa propre expérience, s'adapter aux coutumes des autres pays, voyager, voyager et voyager.
Ici il y a beaucoup de convivialité entre les différentes nations, il y a une très bonne organisation et je trouve que cette coupe du monde est très réussie. Des qataris m'ont même invité à monter en voiture pour aller boire le thé chez eux et découvrir leur culture.
Merci à mes amis, ma famille, à Andernos Sport et à toi avec qui on a pu partager tous ces moments malgré la distance. Allez les bleus pour cette finale !
Il me tarde malgré tout de revoir ma femme à qui je dois beaucoup et à mon bébé d'amour.
C.G.
Comments