À l'image de "Kaï", Victor LAFON, notre ancien joueur qui nous avait fait vibrer en suivant l'équipe de France de football lors de la Coupe du Monde au Qatar, un autre de nos joueurs va "presque" disputer sa première finale olympique et va peut-être porter une médaille d'or autour du cou en fin de semaine ! Clément MOURA-KOMENAN alias Shook vit une expérience incroyable aux côtés de la sélection brésilienne de football ! Il nous raconte !
1/ T’es qui et tu fais quoi dans la vie ?
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Je m’appelle Clément Moura-Komenan, « Shook » pour la plupart de ceux qui me connaissent, mais je le dis, mon vrai prénom c’est Clément, comme ça cela ne choquera plus personne (mdrrr), mais personne ne m’appelle comme ça !
Je suis conducteur de car depuis un an dans l’entreprise familiale Pullman d’Aquitaine gérée par la famille Dellas depuis 1963.
2/ Nous sommes en plein JO 2024 et ta société de transport de passagers a été sollicitée pour plusieurs missions. Tu nous expliques ?
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Comme beaucoup d’autres entreprises françaises, nous avons été sollicités pour conduire et pour nous occuper des équipes de football masculines et féminines durant la compétition.
Cela allait de leur préparation à la compétition, en passant par les entraînements et les matchs amicaux avant le début des JO.
Pour ma part, j’ai commencé avec l’équipe masculine de la « Roja » (équipe espoir espagnole).
Cela me semblait déjà incroyable de pouvoir côtoyer et d’approcher d’aussi près ces jeunes joueurs quasiment tous confirmés et qui jouent dans de grands clubs espagnols et européens, des joueurs comme Firmin Lopez (FC Barcelone), Pau Cubarsi (FC Barcelone), Beñat Turrientes (Real Sociedad), Pablo Barrios (Atletico Madrid), ou encore le troisième gardien du PSG, Arnau Tenas.
Joueurs sélection espagnole (De G. à D. BARRIOS/TENAS/TURRIENTES/CURBASI)
Mon patron, Adrien Dellas, sachant que le foot est ma passion mais qui est aussi la sienne, savait que ce genre de mission m’intéresserait. Du coup, ça lui a paru comme une évidence que ce job était fait pour moi.
Il m’annonça ensuite que je serai exclusivement avec la délégation brésilienne de football féminin pour les deux seuls matchs qu’elles auraient sur Bordeaux donc, en gros, une mission de deux fois une semaine. Pour moi, c’était déjà fou de me retrouver en permanence au contact du staff et des joueuses professionnelles du Brésil et de leurs joueuses emblématiques comme Marta Vieira da Silva qui effectue son sixième et dernier tournoi olympique.
3/ Quelles sont tes missions à toi normalement ?
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Mes missions sont assez simples. Mon rôle est d’aller chercher le staff du Brésil, l’emmener au stade d’entraînement pour qu’il installe la séance, et, une fois la séance terminée, les ramener à l’hôtel.
Le jour des matchs, je dois faire de même et, la cerise sur le gâteau était de pouvoir assister aux séances et aux matchs.
4/ À priori, les résultats de l’équipe du Brésil ont provoqué quelques changements dans ton organisation personnelle !
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L’équipe brésilienne a fait une belle entrée en matière en s’imposant 1-0 contre le Nigeria lors du premier match de poule mais ça s’est compliqué lors du deuxième match contre le Japon où elles se sont inclinées 2-1 en encaissant 2 buts en fin de rencontre. Malgré cela, il leurs restait une chance de qualification en quart de finale.
Ce qui m’a frappé, c’est leur joie de vivre et la cohésion qu’elles ont entre elles et surtout moi qui était simplement le conducteur de car. J’avais l’impression de faire partie de quelque chose mais en vérité je ne savais pas trop quoi (lol). J’étais surtout un petit enfant à qui on remet un cadeau et une groupie tout émerveillée de pouvoir côtoyer au quotidien ces athlètes de haut niveau.
À leur retour de Paris, avant de jouer leur dernier match contre l’Espagne, le staff ainsi que la délégation nous ont fait une requête et m’ont demandé directement s’il y avait une qualification en quart, est-ce que ça nous intéresserait de les suivre jusqu’à la fin de leur compétition. Sur le coup, je ne pensais pas qu’ils étaient sérieux, ça semblait être trop beau pour être vrai et surtout je ne savais pas si mon entreprise accepterait.
Mais la délégation a affirmé nous vouloir à leurs côtés jusqu’à la fin car ils aimaient bien notre investissement et notre professionnalisme au quotidien et qu’ils ne voulaient personne d’autre ! Et ni une ni deux à 23h00, j’ai téléphoné à mon patron qui est avant tout un ami, pour lui annoncer la bonne nouvelle et pour savoir si c’était envisageable de partir avec la Seleção.
5/ Des liens se sont créés et petit à petit une simple mission s’est transformée en une aventure plus qu’insolite !?
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Pour ce qui est des liens qui se sont créés, je peux affirmer sans hésiter que cela s’est fait dès le début, quand je suis parti les récupérer à l’aéroport et que sans me connaître réellement, ils ont su me mettre à l’aise et m’intégrer comme l’un des leurs en me surnommant dès le premier jour « Marcello » en référence au joueur brésilien du Real Madrid, avec qui j’ai en commun la couleur de peau et surtout une belle coiffure afro ! Ce surnom, que je l’ai encore aujourd’hui, d’ailleurs je crois que je m’appelle plus Shook ni Clément mais Marcelo (lol).
Je pense avoir ce côté jovial et sociable que les gens apprécient, qui permet de casser certaines barrières et qui permet d’oublier qui est qui et qui fait quoi dans la vie, juste des êtres humains qui partagent une passion commune et qui les unit.
C’est comme cela qu’une mission qui ne devait durer que deux semaines s’est transformée en une magnifique épopée qui a commencé de Bordeaux jusqu’à Nantes avec une qualification plus que miraculeuse et dans la douleur pour mes protégées de la Seleção avec une troisième place qualificative en étant dans les meilleures troisièmes.
Me voilà parti pour me déplacer de Bordeaux à Nantes, s’en est suivi une qualification pour les demi-finales et me voilà reparti pour assister au match au Stade Orange Vélodrome pour y retrouver l’équipe féminine d’Espagne, cette même équipe qui avait battu la Seleção 2-0 dans les phases de poule…
Je suis, pour mon plus grand bonheur, en train de sillonner la France en compagnie de l’équipe du Brésil pour suivre leur folle aventure qui se terminera ce samedi avec une finale grâce à leur éclatante victoire face à la Roja féminine sur le score de 4-2.
À chaque retour à l’hôtel, le staff et toutes les joueuses me prennent dans leurs bras en criant « obrigado » (merci) Marcelo, comme si j’avais toujours fait partie de la sélection, c’est tellement gratifiant de voir l’amour qu’ils me portent sachant que l’on se connait peu, mais il n’y a que dans le sport où l’on peut avoir ce genre d’émotions et de reconnaissance.
6/ Tu es donc parfaitement intégré dans la vie du groupe et une finale olympique se profile à Paris. Où seras tu et quel est ton sentiment sur ce scénario depuis que tu as conduit pour la première fois la Seleção ??
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Lors de la finale olympique je serai avec l’équipe au parc des princes dans le stade à crier « VAI BRAZIL » !
Le sentiment que j’ai c’est que j’ai l’impression de revoir le parcours de mon pays d’origine la Côte d’Ivoire lors de la Coupe d’Afrique des Nations.
Ce parcours où l’on gagne le premier match de poule et où on s’écroule avec deux défaites consécutives par la suite en faisant un jeu médiocre et où on se qualifie miraculeusement en étant dans les meilleurs troisièmes pour, au final, terminer champions d’Afrique !
Depuis que la Seleção s’est qualifiée comme ça, je me dis depuis qu’elles allaient finir en finale.
Même si je suis aussi français et que j’étais triste par l’élimination de notre équipe nationale, j’étais heureux que le Brésil se qualifie car je fais partie d’une entité actuellement plus importante que mon désir personnel de vouloir voir mon pays être en finale des JO.
7/ Le mot de la fin ?
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Pour le mot de la fin, je dirais que je ne remercierai jamais assez mon ami et mon patron Adrien Dellas de m’avoir permis de participer de si près à une compétition comme les JO. Je sais que j’ai une chance incroyable de vivre ce que je vis actuellement, que beaucoup auraient aimé participer à un tel événement qui n’arrivera plus de sitôt, je mesure la chance que j’ai, que rien n’arrive par hasard et que du coup, je me sens un peu brésilien maintenant (lol).
Et j’espère qu’elles gagneront la médaille d’or pour clôturer la si belle carrière de leur joueuse emblématique MARTA SILVA car elle le mérite largement.
Merci à toi Christophe pour cette interview.
C.G.
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